Édito
Pour cette 8ème édition, Viva Cinéma invite le photographe Serge Clément, qui revisite avec son installation Escale Cinéma, les archives de la Cinémathèque du Québec, scénographiées dans un dialogue entre photographies et images animées. Cinq ciné-concerts révèleront les cinéastes des premiers temps, avec des films rares et restaurés, issus de collections de cinémathèques. De la musique de chambre aux créations improvisées, du jazz aux ambiances électro, la créativité des artistes contemporains insufflera de nouveaux rythmes à quelques trésors des débuts du cinéma : fantaisies de Georges Méliès, feuilleton de Louis Feuillade, court-métrage touristique ou films des pionnières.
Cette édition met le féminin à l’honneur et revalorise la place des femmes dans l’histoire du cinéma, qui, toutes, ont été pionnières en leur époque. Sous l’égide de Musidora, l’inoubliable Irma Vep des Vampires, actrice, réalisatrice et productrice, nous avons choisi de témoigner de talents qui ont participé aux mutations du cinéma selon quatre temps. Alice Guy-Blaché, connue pour avoir été la secrétaire de Léon Gaumont, est une grande cinéaste des débuts, croisant dans ses courts-métrages le réel de Lumière et la fiction de Méliès. Germaine Dulac s’affirme comme l’unique femme de l’avant-garde des années 20, entre symbolisme et surréalisme tandis que Mabel Normand est l’une des rares actrices et réalisatrices du burlesque. Enfin, l’apport de Lois Weber a été décisif dans la mutation du cinéma de l’âge des pionniers à celui de l’industrie. Longtemps ignorée dans l’Histoire du cinéma, la cinéaste Ida Lupino est l’autrice d’un cinéma novateur, où se dessine un certain héroïsme du quotidien et une « morale de l’amour ». Une pionnière, qui a su affirmer dans les années 40 la place centrale du réalisateur au cœur d’un cinéma indépendant aux côtés de l’industrie hollywoodienne. Une industrie autorisant parfois la mise en scène de portraits féminins audacieux, tels ceux nés durant une parenthèse de liberté avant la mise en place du code Hays en 1934. Dans les années 70, les luttes sociales et féministes se sont emparées du cinéma, incarnées par Agnès Varda et ses documentaires poétiques, Marceline Loridan livrant des films de voyage singuliers, Yannick Bellon venue au cinéma par le montage, Carole Rassoupolos réalisant en vidéo certains des films les plus emblématiques de la cause des femmes et fondant avec Delphine Seyrig le centre audiovisuel Simone de Beauvoir.
Viva Cinéma invite à découvrir par ailleurs deux cinéastes méditerranéennes, la libanaise Jocelyne Saab – photographe, reporter, metteur en scène et plasticienne qui n’a cessé de renouveler ses formes visuelles – et la palestinienne Monica Maurer qui fut en quelque sort sa sœur en cinéma, engagées toutes deux contre la guerre et l’occupation. Un signe de la force politique du 7ème art, comme le révèle également le documentaire Charlie Chaplin, le génie de la liberté, portrait d’un immense artiste, humaniste et indépendant traversant le XXe siècle. L’opéra-concert La Belle et la Bête de Phlip Glass aurait dû ouvrir Viva Cinéma, le confinement a empêché sa création, nous avons conservé néanmoins trois films de cet autre grand artiste poète et cinéaste : Jean Cocteau.
Nous nous réjouissons de partager avec vous tous les plaisirs du cinéma et de ses découvertes : bienvenue à Viva Cinéma !
Catherine Rossi-Batôt
Directrice[/vc_cta][/vc_column][vc_column width= »1/6″][/vc_column][/vc_row]