Cinéma

Arts visuels + Arts scéniques
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Leçon de cinéma

Science-fiction : le meilleur des mondes ?

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Avec Pierre Jailloux et Guillaume Bourgois, maîtres de conférences en études cinématographiques à l’Université Grenoble Alpes.

« Les spectateurs découvrant Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès, en 1902, ne se retrouvaient pas seulement devant un film inspiré des romans d’anticipation signés Jules Verne et H.G. Wells : ils assistaient à une expérience tout droit sortie d’un imaginaire de science-fiction, et qu’on appelait alors le cinématographe. La nouvelle technologie projetait des êtres humains à des centaines de milliers de kilomètres de la planète Terre, et les confrontait aux Sélénites : autant dire qu’avec le cinéma, la science a toujours marché main dans la main avec la fiction.

À l’instar du fantastique, mais à un autre niveau encore, la science-fiction filmique est indissociable de l’outil qui la supporte, et étroitement liée à l’état des connaissances de son époque : le monde de Minority Report (Steven Spielberg, 2002) n’est pas celui de Metropolis (Fritz Lang, 1927), même si l’aliénation de l’homme par lui-même y est pareillement mise en avant. La science-fiction s’impose une course contre le temps et, pour ne pas être rattrapé par la réalité, le cinéma doit voir plus loin que l’air scientifique du moment : en questionnant la condition humaine par l’hybridation esthétique (Blade Runner, 1982, de Ridley Scott), en s’offrant un parti-pris minimaliste, de Soleil Vert (Richard Fleischer, 1973) à Bienvenue à Gattaca (Andrew Niccol, 1997), jusqu’à l’abstraction et la métaphysique des espaces infinis : 2001, l’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1968), THX 1138 (George Lucas, 1971) ou encore Solaris (Andreï Tarkovski, 1972). Les interrogations existentielles déclenchées par les mondes dystopiques ou uchroniques, croisent des questions cinématographiques : le temps et la durée avec La Jetée (Chris Marker, 1962), le témoignage documentaire avec La Bombe (Peter Watkins, 1965), le montage et le récit avec Je t’aime, je t’aime (Alain Resnais, 1968), ou bien le point de vue de la caméra (Cloverfield, Matt Reeves, 2008).

Par delà les innombrables thématiques et approches (explorations spatiales, rencontres extraterrestres, mondes post-apocalyptiques ou sociétés révolutionnées par des sauts technologiques), qui font de la science-fiction un genre aussi introuvable que le fantastique, le cinéma remet en cause la nature et la place de l’homme dans l’univers : pris en otage par la machine audiovisuelle, aucun être ne sort indemne de cette expérience scientifique qui le transforme à jamais – jusqu’à disparition pure et simple. »

Pierre Jailloux

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