Révoltes intimes
Aurore Valade
PHOTOGRAPHIES
« On dit que l’intimité est liée à l’art de raconter la vie, et c’est précisément cet art qu’Aurore Valade convoque dans son projet. Voilà pourquoi son point de départ ne pouvait être que celui de la conversation : con-verser signifie aller avec l’autre, développer un chemin ensemble, et c’est de là que naît la pratique collaborative entre l’artiste et ceux qu’elle photographie. Aurore Valade explore ainsi une « intimité libérée » par le désir de partager la voix et d’écouter d’autres voix qui réclament l’exceptionnalité de chaque vie, car cette vie est toujours et à chaque fois la seule qui s’offre à vivre. Chacune de ses photographies montre un espace partagé qui concentre et déploie cette vitalité irréductible et excessive. C’est pourquoi Aurore Valade a voulu explorer cet espace précis dans lequel l’intime est en tension permanente avec le politique, où sa libération est toujours transgressive et habite le cœur même de la révolte. » Daniel lesmes, commissaire de l’exposition
Primée aux Rencontres de la photo d’Arles en 2017 et 2018, Aurore Valade est membre artiste de la Casa de Velázquez, Académie de France à Madrid. Elle fait ainsi la démonstration qu’elle sait conquérir ce que nous voulons tous et que presque personne n’obtient : du temps pour écouter, du temps pour observer, pour apprécier ce qui définit ses personnages, pour capter les mots qui flottent autour d’eux et qui les accompagnent partout imperceptiblement. Il s’agit là d’une faculté très singulière, car pour la plupart d’entre nous, nous sommes persuadés que nous n’avons pas le temps, et par ailleurs, quand nous parvenons à l’avoir, nous ne savons pas le prendre, nous ne savons pas le rendre fécond. La condition dérisoire de l’homme moderne nous conduit à passer d’une sensation à l’autre, d’une manière qui rend notre compréhension des choses aussi banale qu’éphémère. Notre goût pour le sensationnel nous empêche également d’être capable d’apprécier ce qui le vaut véritablement. Cette recherche et cette capacité à apprécier ce qui le vaut vraiment constitue le fondement même du travail d’Aurore, dans ses portraits de gens qui ont quelque chose à dire ou dans ses prises de vues de panneaux d’annonces qui, par-delà le tohu-bohu et l’abasourdissement produit par l’accumulation de messages et de publicités, semblent devoir nous raconter quelque chose, sans quoi nous ne pourrions ou nous ne devrions pas réellement vivre.
Jordi Claramonte
« Como agua para chocolate » Portrait de l’artiste Astrid Hadad, Mexico, 2014[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/6″][/vc_column][/vc_row]