LUX SCÈNE NATIONALE

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ARTS, CULTURE ET INNOVATIONS À VALENCE, DRÔME

La Grande Parade

CINÉ-CONCERT
Trio à cordes / Gaël Mevel

[vc_row][vc_column width= »5/6″][vc_column_text]Aux États-Unis, en 1917, un fils de famille refuse d’aller se battre sur le front européen. Gagné par l’élan patriotique, il finit par s’enrôler, et part en France…

Avec ce film de guerre, King Vidor gagna ses galons de cinéaste de première importance. Inspiré de récits de Laurence Stallings, qui perdit une jambe suite à une blessure lors de la bataille du bois Belleau, le film fut l’un des plus grands succès publics de l’ère du cinéma muet. La formule serait un cliché si elle ne s’appliquait parfaitement ici : Vidor sut comme peu d’autres y concilier « petite » et « grande » histoire. Au début, La Grande Parade se concentre sur les affaires personnelles de trois troufions, avec une drôlerie et une fraîcheur de chaque instant. Il faudrait être une brute pour ne pas être touché par la scène où Jim, tombé amoureux d’une paysanne française, tente de lui faire la cour malgré la barrière de la langue et lui apprend à mâcher un chewing-gum, et bouleversé quand les deux amants doivent se séparer : l’un des grands moments de passion féminine, au-delà de toute convenance, qui jalonnent l’œuvre de Vidor. Puis la guerre se manifeste dans toute son horreur, et même le spectateur le plus blasé reste impressionné par les scènes qui jamais ne tombent dans le piège du film censément pacifiste exaltant ce qu’il est censé dénoncer.

Dans son autobiographie, King Vidor raconte qu’il visionna de nombreuses prises de vues tournées durant la Grande guerre, afin de préparer son film. « Un jour, (…) je fus frappé par le fait qu’une compagnie d’hommes passait devant la caméra à une cadence (…) inhabituelle. C’était un rythme retenu et leur mouvement suggérait un événement sinistre. Il n’y avait pas de son, mais la cadence signifiait la mort. Puis apparut un cercueil recouvert d’un drapeau, posé sur un caisson tiré par des chevaux. Les hommes formaient un cortège funèbre. (…) Je pris donc un métronome (…) et réglai le tempo pour le faire coïncider avec le rythme de l’écran. Et au moment de filmer la marche du bois Belleau (…), j’utilisai le même métronome et un joueur de grosse caisse amplifiait ses battements afin que tout le monde l’entendît au loin. Je donnais des instructions aux hommes pour que chaque pas corresponde à un battement de tambour, comme chaque mouvement de tête, chaque prise de fusil, chaque tir de gâchette, en somme chaque mouvement physique. (…) Un vétéran anglais demanda pour plaisanter s’il participait à quelque « ballet sanglant ». (…) C’était exactement cela — un bloody ballet, le ballet de la mort… »

LA MUSIQUE
Gaël Mevel, violoncelliste, pianiste, compositeur, improvisateur, a un parcours marqué par un goût pour toutes les formes d’art et pour les ponts que l’on peut tisser entres elles. Musicien, il a créé une œuvre riche et singulière qui recherche une voie entre l’écrit et l’improvisé, saluée par la presse internationale. Sa grande connaissance et sa pratique du jazz et des musiques improvisées, nourries de son expérience de la musique contemporaine et de son goût pour le silence, lui ont permis d’élaborer un univers d’une grande poésie, sensible et ouvert, unique, et qui renouvelle la relation écrit-improvisé..

« La Grande Parade est un film tout à fait singulier, mélangeant mélodrame, légèreté, humour et histoire d’amour tout en dénonçant les horreurs de la guerre. Dans la composition, privilégiant le registre grave ( deux violoncelles et un alto) c’est à dire l’émotion et la profondeur, j’ai voulu là aussi chercher un alliage étrange afin de créer une matière vivante, ne renonçant ni aux mélodies, ni aux formes contemporaines de composition, ni à l’improvisation, ni aux matières sonores les plus insolites, les plus colorées, ni surtout au silence. J’ai un rapport kinesthésique à la composition, qui vient sûrement de mon travail d’improvisateur. J’ai donc travaillé devant le film, qui tourne en boucle dans ma salle de travail. Je peux ainsi m’imprégner d’un temps particulier, d’une manière de vivre avec le temps qui est celle du film. »[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/6″][/vc_column][/vc_row]

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