Cinéma

Arts visuels + Arts scéniques
ARTS, CULTURE ET INNOVATIONS À VALENCE, DRÔME

Hommage à Youssef Chahine

En écho à l’exposition de photographies de Bernard Plossu

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[/vc_column_text][vc_column_text]« Chez Jo, il y a une capacité d’invention et d’improvisation éblouissantes, une sorte de feu. Il filme à la vitesse de la pensée et sa pensée est d’une très grande richesse. » Ainsi le metteur en scène Patrice Chéreau parlait-il de Youssef Chahine, que ses collaborateurs surnommaient « Jo » : pour ce dernier, en 1985, il avait interprété rien moins que Napoléon Bonaparte, dans son film Adieu Bonaparte.

Phénomène classique quand une cinématographie est « minoritaire » (traduire : méconnue) aux yeux de l’Occident : Youssef Chahine a fini par représenter l’ensemble du cinéma égyptien (ce fut le cas, à la même époque, de Satyajit Ray pour le cinéma indien). Ce cinéma fut pourtant prolifique, rayonnant dans le monde arabe tout entier, grâce aussi à d’autres cinéastes importants : Ahmed Badrakhan, Henry Barakat, Salah Abou Seif, Tawfiq Saleh, Hussein Kamal, Chadi Abd el-Salam, Mohamed Khan, Yousri Nasrallah, pour ne citer qu’eux. En outre, loin de représenter le réalisateur « type » du cinéma égyptien, Chahine en fut souvent le vilain petit canard, régulièrement censuré, en butte aux régimes autoritaires et aux intégrismes jusqu’à la fin de son œuvre.

Pour décrire le cinéma de « Jo », le mieux est peut-être de le laisser évoquer sa propre jeunesse, celle d’un fils d’avocat (pauvre, car intègre) qui, au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, allait partir aux États-Unis étudier le jeu d’acteur et le cinéma : « J’avais dix-huit ans, j’étais encore plus laid que maintenant, mon nez était beaucoup plus pointu, mes oreilles étaient comme des toiles de bateau… Comme on dit, tout cela avait un certain charme, mais pas le charme slave ni britannique, plutôt le charme arabo-gréco-métèque. J’incarnais toute la salade qu’il y avait alors à Alexandrie. Et à chacun me parlant dans sa langue, je répondais dans sa propre langue. Je parlais italien, français, arabe, anglais, et en ce temps-là pas encore assez de mots de russe, mais je m’arrangeais pour dire niet, quand il le fallait, et da da da tant qu’il le fallait. L’« autre » existait à Alexandrie, c’était comme ça. Il y avait des juifs, il y avait des chrétiens, il y avait des musulmans, et entre nous, soyons honnêtes, tout le monde a couché avec tout le monde. Et c’était pas plus mal comme ça ! »

Drôle, métissé, débrouillard, provocateur, sensuel, passionné, généreux : tel fut le cinéma de Youssef Chahine.

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