Cinéma

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ARTS, CULTURE ET INNOVATIONS À VALENCE, DRÔME

Le Rebelle

Film de King Vidor

[vc_row][vc_column width= »5/6″][vc_column_text]D’une intransigeance absolue dans l’exercice de son art, l’architecte Howard Roark préfère redevenir simple ouvrier plutôt que de déroger à ses principes. Il va se trouver au croisement des intérêts, des désirs et des machinations d’un puissant patron de presse partagé entre cynisme et idéalisme, d’une journaliste éprise de liberté et d’un idéologue démagogue…

Au-delà du fait que les films de fiction centrés sur le thème de l’architecture se comptent sur les doigts d’une main, Le Rebelle, de même que Notre pain quotidien, est sans équivalent dans le cinéma américain. Pour une fois, à propos de ses personnages et particulièrement de son protagoniste, l’expression bigger than life n’est pas exagérée. Le film est adapté d’un livre d’Ayn Rand, La Source vive (The Fountainhead), romancière très célèbre aux États-Unis et proche du mouvement libertarien, controversée pour ses positions hyper-individualistes (cf. un de ses titres : La Vertu d’égoïsme). Pour le personnage d’Howard Roark, bien qu’elle s’en défendît, Ayn Rand prit pour modèle l’œuvre et la personnalité du grand architecte américain Frank Lloyd Wright. À certains égards, le film est à l’image des ouvrages de Wright : vif, élancé, d’une netteté et d’une pureté de traits parfaites. Le récit est tellement rapide et imprévisible que le spectateur en est constamment pris de cours.

Même s’il rejoint d’une certaine façon la volonté d’indépendance artistique de King Vidor, ce dernier se désolidarisa de l’acte extrême qu’accomplit Roark afin de ne pas voir son œuvre dénaturée, et du discours jusqu’au-boutiste, prônant le génie humain contre l’intérêt de la société, tenu par le personnage dans la séquence de son procès, considéré comme l’un des plus longs jamais prononcés au cinéma (par un acteur, Gary Cooper, plutôt habitué à la concision !). Si Le Rebelle reste aujourd’hui passionnant, c’est non seulement pour sa forme extrêmement maîtrisée mais aussi pour l’inconfort que, à l’image de son réalisateur, on peut éprouver face à certaines de ses positions.

Le critique et cinéaste Luc Moullet, dans le livre qu’il consacra au Rebelle en 2009, propose cette étonnante litanie d’adjectifs : « C’est un film malin, savant, glacé, hyperpro, mais aussi abrupt, brutal, cinglant, condensé, convulsif, déchiqueté, déjanté, délirant, décrépant, érotique, étourdissant, fascinant, frénétique, grossier, haché, hystérique, mal poli, romantique, surréel, torride, trépidant. Un objet barbare, un météorite. S’il ne fallait conserver de toute la production hollywoodienne qu’un seul film, ce serait celui-ci. »

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