Critiques d’étudiants autour du film « Ciel d’enfer »
Classe prépa du Lycée Lumière / Lyon
Maxime Michel
Enaëlle Forest
Interprété par le talentueux Omar Sharif dans le rôle d’Ahmed et Faten Hamama dans celui d’Amel, Ciel d’enfer réalisé par Youssef Chahine propose une fiction fondée sur les inégalités de moyens entre petits paysans et grands industriels. L’ambiance chaleureuse, ainsi que la vie d’apparence paisible que mène un petit village égyptien, sont remplacées progressivement par un climat sombre. La plantation de cannes à sucre du Pacha est en concurrence directe avec celle des paysans, portée par Ahmed. Qui aura la meilleure récolte et en tirera le meilleur profit ? Le Pacha veut se libérer de la rivalité paysanne. Il a comme seul et unique but son profit, lésinant toute justice morale.
Une première lecture de l’œuvre propose une situation de tensions entre petits et grands moyens de production. Au-delà de questions économiques, cela révèle les conséquences d’un climat politique instable. La majorité du village est aveuglé par la démagogie du Pacha et son abus de pouvoir. Ce dernier peut être assimilé à un dictateur, sans vraiment être nommé comme tel. Cette figure ambivalente, mais non moins immorale, nous rappelle les situations politiques au Moyen-Orient aujourd’hui. Les enjeux d’apparence économique évoluent. Ils impliquent progressivement des relations entre individus, qu’elles soient familiales, sentimentales ou hiérarchiques. Il n’y a aucune distinction entre vie privée et vie publique. Amel, la fille du Pacha, est utilisée pour régler des conflits d’intérêts au moyen d’un mariage avec un homme corrompu. Cette sphère privée-publique apporte toute la tension dramatique aux personnages. Ils se battent pour vivre leur amour tout en détenant la responsabilité de rétablir une justice dont le spectateur tente de comprendre les entraves.[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/3″][vc_column_text]Alexandre De Bona
François Marie
Mathilde Gagnière
Dans une Egypte sous le règne de Farouk, Ahmed, un ingénieur agronome, fait la gloire de son village grâce à une riche récolte. Le Cheikh des environs devenant amer, entame un conflit avec ce jeune Ahmed issu du milieu paysan. Le spectateur se retrouve entre passions, drames et trahisons. Dans Ciel d’enfer, Youssef Chahine propose dès 1954, une œuvre cinématographique riche et audacieuse qui fit la gloire de son époque.
Dans cette société, régie par une pyramide sociale très prononcée, les paysans sont dépeints comme totalement dépendants des plus riches. Ces derniers, poussés par la jalousie et la cupidité, détruisent leurs seuls biens. C’est tout le village qui s’effondre. Dans le chaos naît une histoire d’amour influencée par les codes sociaux de l’époque. Omar Sharif et Faten Hamama , dans les personnages d’Ahmed et Amal, incarnent une jeunesse innocente.
Scène théâtrale de l’Egypte alors en ébullition, Ciel d’enfer enregistre les soubresauts de son temps chaotique. Véritable Cid des temps modernes, le film tacle les traditions jusqu’alors vénérées, comme la charia. Femme libérée, vengeance, amour interdit, tout en fait une recette subversive et singulière. Forces manichéennes et Justice structurent une histoire où l’individu triomphe du nombre, rappelant les codes Hollywoodiens.[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/3″][vc_column_text]Anouk Bruas
Agathe Paolazzi
En 1954 sort Ciel d’Enfer un film égyptien de Youssef Chahine. Dans son premier rôle, Omar Sharif incarne Ahmed, un jeune ingénieur agronome qui réussit à améliorer la culture de la canne à sucre des paysans. La récolte étant de qualité supérieure, ils s’attirent les foudres du Pacha. En découlent de nombreuses péripéties, fondées sur la concurrence entre les deux exploitations. Du meurtre à l’histoire d’amour, Ciel d’enfer emporte son spectateur dans une course entremêlant personnages et intrigues… Fonctionnant comme des dominos, les « incidents » s’accumulent et semblent n’avoir aucune fin.
Sous une esthétique envoutante, Youssef Chahine aborde des thématiques encore contemporaines, comme la place de la femme dans la société. Aujourd’hui, dans un pays du Moyen-Orient, mais aussi dans le reste du monde, l’égalité des sexes n’est pas acquise. Ciel d’Enfer propose une vision nuancée de la condition féminine. S’il présente une femme qui tient tête à son père, on reste néanmoins loin d’une égalité totale, dans la mesure où la présence masculine domine. Amal, fille du Pacha, incarnée par Faten Hamama, est un personnage qui occupe une place importante dans l’intrigue. Etudiante européenne, elle deviendra une femme qui, en dépit des codes qui l’entravent, assume ses choix. Parallèlement, dans certaines scènes, des femmes sont montrées asservies et effacées. Seulement deux autres personnages féminins, une gouvernante et une mariée contrainte, apparaissent dans le film. Ce contraste entre le personnage principal féminin et les autres se retrouve dans un film plus récent, Wadjda de Haifaa al Mansour, où une fillette évolue sans tenir compte des carcans et des mœurs de la société Saoudienne.
Dans une version restaurée de qualité, les plans de Youssef Chahine témoignent d’une finesse recherchée. Chaque image est à apprécier pour elle même en tant que photographie.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column width= »1/3″][vc_column_text]Zoé Journet
Natacha Magnin
Youssef Chahine, cinéaste égyptien international, réalise en 1954, Ciel d’Enfer. Dans ce film, Ahmed, ingénieur agronome, provoque la colère du Pacha en lui faisant concurrence avec sa production de cannes à sucre.
Restauré par la cinémathèque française et MISR International Films, ce film nous offre une esthétique particulière grâce à une composition d’images réfléchies qui s’agencent avec des jeux de lumières puissants, mis en valeur par l’architecture présente dans les scènes d’action. Si Ciel d’Enfer permet un plaisir visuel, il amène aussi une réflexion sur des problématiques contemporaines de l’époque nassérienne.
L’évolution dans la trame narrative du film intensifie un contraste évident entre les paysans et le Pacha. Les différentes classes s’affrontent dans des conflits parfois meurtriers. La cupidité de la classe supérieure face à la naïveté des classes modestes, ne cesseront d’attiser des conflits. Par ailleurs, la corruption menée par le Pacha, lui permet de perdurer dans une supériorité qui le conforte. Apparaît alors un phénomène à la fois public et intime : la place de la femme. En effet, cette dernière est dépossédée de sa parole en étant infantilisée à la fois dans son rôle et dans son poids face aux évènements. De plus, la réification de la femme s’installe ici au sein du mariage forcé.
Au fil du film, Youssef Chahine nous propose de développer une réflexion sur la condition de la femme et des classes sociales qui font écho à nos sociétés contemporaines en traitant de problématiques encore pleinement actuelles. Ces questionnements peuvent, par exemple, nous évoquer la corruption menée en République du Congo, liée aux ressources minières.[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/3″][vc_column_text]Loïc Almeida
Louise Coulon
Solal Smoes
Ciel d’enfer est un film en noir et blanc de Youssef Chahine, datant de 1954, avec le superbe Omar Sharif dans son premier rôle. Il nous conte un mélodrame moderne, dépeignant les ruptures d’une société injuste : Ahmed, jeune agronome, élève la qualité de ses récoltes au niveau celles du Pacha. Ce dernier décide d’utiliser les grands moyens avec la complicité de son neveu sans scrupules. Au cœur de ces déchirures, Amal, fille du Pacha, est secrètement amoureuse d’Ahmed, son ami d’enfance.
En dépit du voile désuet dont il s’est vêtu, ce puissant film aux airs de thriller donne à voir de nombreuses questions toujours d’actualité. À l’essence de cette intense intrigue se déploie la critique d’un système judiciaire assassin d’innocents où le peuple ne peut s’apaiser qu’en versant davantage de sang. Cette spirale infernale de violences nous renvoie aux failles de notre propre Justice. Bien que la peine de mort ne soit plus d’actualité en France, de récents évènements sont là pour nous rappeler à quel point notre propre système est faillible. Il s’agit là, en outre, d’une peine toujours en vigueur en Égypte, régulièrement dénoncée par de nombreuses ONG. Par ailleurs, le film confronte les personnages à divers dilemmes moraux qui sont autant de questionnements pour les spectateurs et spectatrices.
Derrière l’exceptionnelle qualité photographique des images, les femmes tiennent un rôle d’enluminure autour des grands drames du film. En dépit de leur passivité dans l’intrigue, ce long-métrage dénonce un système social où les hommes dictent l’inaction de leurs femmes et leurs filles.
Relevé de quelques touches comiques, Ciel d’enfer est une pièce majeure du cinéma de Youssef Chahine qui nous flatte par des choix cinématographiques modernes servant une intrigue haletante, tout en nous questionnant sur notre façon d’habiter et d’être dans le monde.[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/3″][/vc_column][/vc_row]