Cinéma

Arts visuels + Arts scéniques
ARTS, CULTURE ET INNOVATIONS À VALENCE, DRÔME

Duel au soleil

Film de King Vidor

[vc_row][vc_column width= »5/6″][vc_column_text]Condamné à mort pour avoir tué son épouse indienne et son amant, le père de Pearl Chavez confie celle-ci à une cousine, épouse d’un sénateur texan. Le vieil homme, propriétaire d’un ranch immense, accueille très mal la jeune métisse, à la différence de ses deux fils, que tout oppose par ailleurs…

King Vidor en signe la réalisation, mais Duel au soleil est en premier lieu l’œuvre de son producteur, David O. Selznick, légendaire entrepreneur de films tels que Rebecca et surtout Autant en emporte le vent. Pour prendre la mesure de l’emprise de Selznick sur le film, il suffit de lire ce qu’il en écrit lui-même : « Des ordres stricts avaient été donnés sur le plateau pour qu’on ne tourne pas une seule scène, pas même un seul plan d’une scène, sans qu’on m’appelle pour que je descende sur le plateau afin de vérifier l’éclairage, l’angle de prises de vues et les répétitions. Jour après jour, prise de vue après prise de vue, l’assistant-réalisateur m’a téléphoné pour me prévenir qu’ils seraient prêts dans quelques minutes pour le prochain plan. Je ne me contentais pas de vérifier précisément la réalisation de la scène et de la changer quatre-vingt-dix-neuf-fois fois sur cent, mais encore je restais jusqu’à ce que j’aie approuvé personnellement une prise. M. Vidor ne s’en plaignait pas… »

Vidor dut bien en concevoir quelque dépit puisque, vers la fin du tournage, il en claqua la porte pour n’y plus revenir, ce qu’il n’avait jamais fait jusqu’alors. En dehors des scènes tournées par Selznick lui-même, cinq autres réalisateurs au moins contribuèrent à Duel au soleil. Il en résulte un film forcément inégal dans lequel western, film noir, Women’s Picture Technicolor échevelé, Éros et Thanatos se conjuguent d’inédite façon. L’œuvre est à l’image de Jennifer Jones (l’épouse de Selznick) dans le rôle de Pearl Chavez : excessive, parfois irritante mais souvent fascinante. Bien que l’âpre dernière séquence ait été semble-t-il en partie refaite par William Dieterle, elle reste au plus près de ce que Vidor en avait tourné. Sommet de saisissement du spectateur (ce raptus dont Luc Moullet parle à propos de Vidor), elle vaut à elle seule de voir ou de revoir le film.

Vidor conservera son estime pour Selznick et Jennifer Jones puisque, sept ans plus tard, il tournera avec eux le magnifique Ruby Gentry, et il reviendra sur certains thèmes de Duel au soleil dans un western de facture plus modeste : L’Homme qui n’a pas d’étoile.

[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/6″][/vc_column][/vc_row]