Élégie pour un corps survivant
De Philippe Roux
La marchandisation du corps a pour conséquence de le déplacer de son statut de sujet à celui d’objet. À sa qualité de mortel tend à se substituer la notion d’obsolescence, lui niant sa naturalité et son historicité. Les portraits infamants de Bruce Nauman et de Paul McCarthy, a contrario de l’apparente mise à l’épreuve du corps qu’ils montrent, participent de la reconnaissance du corps dans sa faculté à survivre, donc à vivre. Les hybridations opérées par Pablo Picasso et Giuseppe Penone renouvellent l’idée d’un corps qui se greffe des impossibilités pour augmenter sa vitalité. Mais ces opérations suffisent-elles à repositionner le corps dans la juste place qui lui était dévolue jusqu’alors dans l’histoire de l’art et dans l’histoire des peuples ?