Fiancées en folie
Film de Buster Keaton
FILM RESTAURÉ
Au bord de la ruine, Jimmie Shannon découvre qu’il hérite d’une grosse somme d’argent, à condition qu’il soit marié avant dix-neuf heures le jour de ses vingt-sept ans. Il apprend la nouvelle précisément le jour de cet anniversaire…
Fiancées en folie est adapté d’une pièce de théâtre dont au départ Keaton ne voulait pas. Parmi les plans typiquement keatoniens, il y a ce travelling d’accompagnement de Jimmie, au volant de sa voiture : au lieu de regarder devant lui, il tente de convaincre de l’épouser une jeune femme qui conduit une voiture parallèle, jusqu’à ce que le véhicule du jeune homme, dans le même plan, aille s’écraser contre un arbre qu’il n’avait pas vu venir et que le mouvement de caméra découvre aux yeux du spectateur. Le monde est immense et plein de surprises, c’est avec lui que le personnage de Buster devra se colleter (alors que le terrain de lutte de Charlie Chaplin serait plutôt la société). Le film est célèbre pour la séquence où Buster n’a de choix qu’entre Charybde — une foule de prétendantes lancées à ses trousses
— et Scylla — une avalanche de rochers qui dévalent sur lui.
À propos de sa façon de fuir ses poursuivant(e)s, James Agee écrivit fort justement : « Ses transitions de la marche rapide au petit trot, puis à la course, puis au grand galop, puis au sprint échevelé — et toujours, au-dessus de la frénésie des bras qui pompent l’air, ce visage inexpressif, inamovible — sont aussi bien huilées et sobrement calculées que les rapports d’une boîte de vitesses automatique. » L’idée de l’avalanche de pierres serait apparue fortuitement : lors d’une preview pendant laquelle les rires à cette séquence étaient rares, une hilarité survint parmi les spectateurs dont Keaton ignorait la cause. Il se fit projeter la scène au ralenti et découvrit qu’une pierre l’avait suivi alors qu’il dévalait une colline, en avait délogé deux autres et que les trois cailloux semblaient le poursuivre. Il fit fabriquer mille cinq cents rochers factices : sa lutte avec une avalanche aux dimensions cosmiques rendit la scène bien plus spectaculaire, drôle et poétique. — JF Buiré[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/6″][/vc_column][/vc_row]