Fish Tank
Film de Andrea Arnold
Mia, quinze ans, vit dans une HLM à l’Est de Londres. En conflit avec son entourage, elle n’a qu’une passion : la danse hip hop. Connor, le nouvel amant de sa mère, s’avère plus séduisant et aimable que les précédents…
Pour le rôle exigeant de Mia, la cinéaste britannique Andrea Arnold cherchait une interprète amatrice à confronter à des acteurs expérimentés tels que Michael Fassbender. Katie Jarvis est repérée par une assistante d’Arnold alors qu’elle se dispute avec son petit ami sur un quai de gare. Elle refuse de donner ses coordonnées mais se présente au casting ; bien qu’elle ne sache pas danser, c’est elle qui est choisie (fût-ce par opposition, ce n’est pas sans rapport avec la scène du film où Mia se présente à un casting de danse). Tous les acteurs sont à la même enseigne : le film étant tourné dans la continuité chronologique de son récit, ils ne connaissent pas à l’avance le devenir de leurs personnages respectifs dans le scénario.
Grâce à l’interprétation de Katie Jarvis et à l’intensité dramatique du film, celui-ci est d’emblée comparé aux grandes œuvres sur l’enfance ou l’adolescence difficiles que sont Sciuscià de Vittorio de Sica, Les 400 Coups de François Truffaut, Kes de Ken Loach et Rosetta des frères Dardenne. Rétive à réduire le titre de son film (« fish tank » : « aquarium ») à une seule explication, Andrea Arnold laisse échapper celle-ci : « Le titre du film est une métaphore. Un aquarium est un petit espace qui contient beaucoup de vie à l’intérieur mais dont on ne peut s’échapper. Cela convenait parfaitement à l’idée que je me faisais du film. »
À propos du naturalisme social du film, et de son rapprochement fréquent avec le cinéma de Ken Loach, Serge Kaganski écrit : « Andrea Arnold a réussi à trouver des lignes de fuite, à s’échapper un peu des routes balisées du naturalisme social. L’espace glauque des barres de béton est plusieurs fois déchiré par de véritables coulées vertes : parties de pique-nique et de pêche en rivière qui évoquent pour le coup Renoir plutôt que Loach. Plus loin, il y aura une surprenante et hitchcockienne escapade sur le littoral sauvage et industriel du nord de l’Angleterre, mixant contemplation au présent et imaginaire gothique éternel ». Thomas Pietrois-Chabassier renchérit : « Ce que réussit Fish Tank, c’est cette infiltration d’un onirisme sans fantastique au cœur du réalisme social – y incluant même une part de conte dans lequel chaque personnage serait associé à un animal (Fish Tank, l’aquarium : un mini zoo). » JF Buiré[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/6″][/vc_column][/vc_row]