La Croisière du Navigator
Film de Buster Keaton et Donald Crisp
FILM RESTAURÉ
Rollo Treadway, riche héritier oisif, demande soudain la main de sa voisine Patsy O’Brien, autre riche héritière. Devant son refus catégorique, il lui reste à utiliser seul les billets de bateau pour le voyage de noces. Il s’installe à bord d’un transatlantique dès le soir, mais se trompe de bateau et monte sur un certain “ Navigator ”, dont le propriétaire n’est autre que le père de Patsy. Celui-ci est enlevé par de mystérieux espions. Alertée par ses cris, elle monte à bord du “ Navigator ”, dont les espions coupent les amarres. Au matin, le “ Navigator ” dérive en pleine mer…
Le voyage de Rollo est d’ordre initiatique. Parfaits produits d’une civilisation à son apogée, ils sont jetés dans un univers de moins en moins policé et doivent redécouvrir par eux-mêmes les valeurs de la civilisation. Aux deux tiers du film environ, ils se trouvent aux prises avec une civilisation primitive indéfinie, à la fonction essentiellement symbolique. C’est dans ce sens qu’il faut interpréter la présence, au début, du couple de mariés noirs qui déclenche chez Rollo la passion du mariage. Cet appel du désir l’amène nécessairement à déclencher les forces obscures de l’inconscient et la violence d’un monde primitif aussi incontrôlable qu’obscur et anonyme, qu’il n’a plus qu’à refouler au sens propre du terme. Symboliquement, au-delà du dernier plan de la séquence du petit canon, le cannibale frappé par le projectile est exclu de l’espace du Navigator dans une remarquable chute en arrière pour s’écraser dans les profondeurs de l’océan. Toujours dans l’optique de cette initiation, diverses figures de l’éjection hors de l’univers matriciel parsèment le film, du rejet de la demande en mariage qui amène Rollo à errer sur le Navigator à son passage par la bouche d’aération ou son “ accouchement ” hors du scaphandre, qui le ramènent chaque fois auprès de Patsy.[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/6″][/vc_column][/vc_row]