Cinéma

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ARTS, CULTURE ET INNOVATIONS À VALENCE, DRÔME

L’Opéra de quat’sous

Film de Georg Wilhelm Pabst

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FILM RESTAURÉ

Mackie, prince de la pègre londonienne, rencontre Polly Peachum, la fille du roi des mendiants, et décide très vite de l’épouser. Mais Peachum voit d’un très mauvais œil l’union de sa fille avec Mackie…

Adapté en 1930 de la pièce de Bertolt Brecht créée deux ans plus tôt, L’Opéra de quat’sous constitue, aux côtés de L’Ange bleu de Sternberg et de M le Maudit de Fritz Lang, l’un des plus beaux films pionniers du cinéma sonore allemand, en même temps que le plus célèbre film en « version multiple » (il fut simultanément tourné, avec des acteurs différents, en allemand et en français). Brecht et Kurt Weill (l’auteur de la musique, dont la célèbre « chanson de Mackie » reprise dans le film), n’apprécièrent pas le résultat : tous deux intentèrent un procès au film, peut-être parce que, très fidèle à la pièce par certains aspects, celui-ci est en même temps caractéristique du style, mélange de naturalisme et d’expressionnisme, de son réalisateur Georg Wilhelm Pabst.

À la sortie du film, Louis Chavance mit en avant sa musique : « Dans ce film où toute irréalité semble naturelle, elle ne constitue pas l’élément le moins surprenant. Claire et simple, elle va droit aux sens par son rythme et à l’imagination par son caractère populaire. Soutenue par un orgue de barbarie, par quelques instruments à vent ou par un chanteur de complaintes, elle transperce l’écran et parle de l’impossible », tandis que Jean-Paul Dreyfus (connu plus tard comme cinéaste sous le nom de Jean-Paul Le Chanois) évoquait la teneur pré-révolutionnaire de la fin du film, en des termes qui ne sont pas sans résonance aujourd’hui : « La misère sera une nouvelle fois bafouée, exploitée. Dans le brouillard, dans la nuit disparaissent les gueux, jusqu’au jour où ils trouveront moyen de faire du feu avec leur nuit, pour y voir clair. » Plus tard, Lotte Eisner saura une fois de plus décrire la « Stimmung », l’atmosphère visuelle du film : « Pabst et son décorateur André Andreïev ont fait flotter partout ce clair-obscur envoûtant et cette brume qui rendent à la fois fantastiques et réels les murs en briques des docks de la Tamise et des taudis de Soho. Des nappes de poussière et de fumée montent lentement dans la demeure du roi des mendiants et s’accrochent aux parois nues où les défroques des misérables sont comme des taches ornementales. Ces nappes planent dans le hangar nuptial sur les docks, estompant doucement la splendeur des tables débordant de fruits et d’argenterie où se reflète la lumière douce des bougies. » — JF Buiré[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/6″][/vc_column][/vc_row]