LUX SCÈNE NATIONALE

Arts visuels + Arts scéniques
ARTS, CULTURE ET INNOVATIONS À VALENCE, DRÔME

Marc Bauer

Cinerama

HORAIRES
Mardi de 12h à 20h30
Mercredi de 14h à 19h
Du mardi au vendredi de 14h à 20h30
Samedi de 14h à 20h
Lundi pour les groupes sur réservation / Entrée libre
+ visites guidées sur réservation (25€/heure)

En collaboration avec le FRAC Auvergne

+ Ciné-concert L’Architecte
Film de Marc Bauer,
Musique de Kafka
Jeudi 17 novembre à 20h

+ Visite guidée de l’exposition
sur réservation à l’accueil

+ Piste pédagogique

Le cheminement de l’œuvre de Marc Bauer repose sur un traitement spécifique de l’Histoire, toujours perçue comme archéologie lacunaire, comme matrice à narration, comme champ poétique, où les événements sont l’objet de réappropriations, sont soumis au bégaiement d’une mémoire trouée, faite de bribes éparses à assembler avec la colle des souvenirs personnels. Traverser le temps de l’œuvre de Marc Bauer revient à effectuer de constants allers-retours entre des œuvres anciennes à caractère autobiographique qui peuvent être revisitées, être intégrées dans un propos sur l’Histoire lui-même parasité par des bribes de fiction.

L’exposition Cinerama et le livre The Architect qui l’accompagne constituent le dernier volet d’une trilogie éditoriale débutée avec History of Masculinity (2007) et Steel (2009). Le premier ouvrage, exclusivement composé d’images, traitait de la manière dont on « devient un homme » par l’assimilation de modèles tutélaires et paternalistes oppressifs et pervers dont les sources concernaient autant l’éducation que les modèles les plus bestiaux du nationalisme et de ses avatars totalitaires.

Avec Steel, Marc Bauer poursuivait ses recherches et ouvrait le champ d’investigation sur la notion de pouvoir en s’appuyant successivement sur Le Prince de Machiavel et sur le texte de Martin Heidegger, La Dévastation et l’attente. Mais derrière le traitement de ces différents thèmes dans les deux premiers tomes, son œuvre reposait déjà sur une question plus vaste concernant la manière dont s’écrit l’Histoire lorsqu’elle est traversée par l’histoire de ceux qui l’écrivent ou lorsqu’elle est partiellement falsifiée par la contamination d’éléments narratifs fictionnels. Dans ces deux premiers livres, déjà, se posait la question du montage sous ces différentes formes. Le troisième opus, intitulé The Architect en référence au film d’animation réalisé en 2013, présent dans cette exposition, poursuit cette réflexion en la plaçant du point de vue du territoire cinématographique.

Dès le commencement de son œuvre, Marc Bauer a convié, aux côtés de la pensée des philosophes, de grands réalisateurs – Sergei Eisenstein, Fritz Lang, Pier Paolo Pasolini, Andreï Tarkovski, Chris Marker… – qui, concomitamment à leurs films, sont aussi des poètes, des théoriciens, des penseurs du langage cinématographique. Ainsi, le film de F.W. Murnau, Nosferatu, eine Symphonie des Grauens, consitute la structure fondatrice du film d’animation L’Architecte, de ses 60 dessins préparatoires et des quelques 700 peintures sur plexiglas exécutées pour l’animation. Le projet Cinerama (contraction de « cinéma » et « panorama »), utilise les moyens du cinéma sans jamais qu’une seule des œuvres qui le constitue ne soit du cinéma dans son acception commune.

« Dans certains dessins, je pars de souvenirs que nous avons tous en commun. Le spectateur peut ainsi s’en emparer autant que moi. A un moment ou à un autre, il remplacera toujours mon histoire par la sienne. Dans certains dessins, le spectateur est quasiment obligé de s’approprier mes images. En vérité, ces images fonctionnent plus comme un déclencheur des souvenirs du spectateur. Je crois, de toute façon, que le souvenir est une fiction. Nous sommes incapables de nous souvenir clairement d’une situation. » Marc Bauer

MARC BAUER
Artiste suisse travaillant à Berlin, Marc Bauer a fait du dessin le cœur de sa pratique tout comme il a placé le souvenir au centre de son questionnement artistique. Un univers où l’intime côtoie l’Histoire, où le réel se confond avec la fiction, qui sollicite la faculté d’imaginaire du spectateur. Et derrière la banalité duquel, imperceptiblement, s’ouvrent des abîmes de violence sourde.
Marc Bauer s’intéresse au langage cinématographique mais il le fait en dehors du territoire filmique, « depuis » le point de vue du dessin, tel un observateur contemplant la vue panoramique d’une étendue depuis un promontoire. Ses dessins agencés tels des storyboards, le film d’animation L’Architecte, le petit film 16mm The Astronaut, ou encore le diaporama Skeletthaus, deviennent les moyens de rester à la périphérie du genre cinématographique pour explorer les potentialités d’un langage extérieur habité par des problématiques qui entrent en familiarité avec celles qui traversent ses œuvres.
Jean-Charles Vergne, directeur du FRAC Auvergne, commissaire de l’exposition

PISTE PÉDAGOGIQUE

Cette exceptionnelle exposition révèle une diversité d’approches du dessin dans des formats variés et sur des supports allant du traditionnel papier à la projection d’images et au dessin mural. Elle fait jouer le trait au présent dans sa fragilité, dans une temporalité propre à l’image en mouvement qui appelle à sa suite toute la référence à l’imaginaire et à la technique du cinéma. Le dessin selon Marc Bauer n’a vraiment plus rien du médium traditionnel de l’esquisse et du croquis préparatoire. Il est le langage à part entière d’un travail sur la représentation et sur l’écriture de la mémoire, l’affirmation d’une expression à la croisée de l’intime et du collectif. Ce dessin est l’outil d’une mémoire à convoquer autant qu’à (ré) écrire. C’est le mode de représentation d’une histoire personnelle a posteriori, subjective et lacunaire. Mais c’est aussi la faculté de revisiter la grande Histoire, dans ses croisements avec les histoires de chacun.     Elle est une écriture du point de vue, l’affirmation d’une subjectivité. Comme toute mémoire, elle est fragmentée et imprécise, associant souvent images et langage de manière anachronique et énigmatique. Son travail plonge le regardeur dans la mécanique d’une narration et le confronte à sa propre mémoire. Enfin, à travers ses correspondances avec la production sonore du groupe Kafka, le film « L’architecte » produit par le FRAC Auvergne propose une collaboration enrichissante.
Aurèle Galandon, professeur relais à LUX
Roland Pelletier, enseignant en arts plastiques / arts visuels – Lycée Vernet

En collaboration avec le Frac Auvergne

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