Cinéma

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Notre pain quotidien

Film de King Vidor

[vc_row][vc_column width= »5/6″][vc_column_text]Pauvres et sans travail, Mary et John acceptent la proposition d’un parent d’aller vivre dans une ferme abandonnée sur laquelle il possède une hypothèque. John ne connaît rien à l’agriculture. Il rencontre un paysan exproprié auquel il propose de venir vivre et travailler sur le domaine. L’idée d’une coopérative germe dans son esprit, fondée sur l’échange de services et le travail collectif aux champs…

Même si elle prend l’allure d’une utopie (pour se rendre à la ferme, le couple doit passer par une ville nommée Arcadia), il est évident que l’histoire de Notre pain quotidien, qui comme l’indique son générique fut « inspirée par les gros titres d’aujourd’hui », s’inscrit dans le contexte de sa réalisation : la crise économique des années 1930. C’est même, avec Les Temps modernes de Charlie Chaplin et Les Raisins de la colère de John Ford, l’une des plus belles évocations cinématographiques de la Grande Dépression. L’équilibre du récit entre l’esprit du conte et celui de l’époque participe de son ton très particulier, unique dans l’histoire du cinéma américain, dont il fut l’un des premiers exemples de « film indépendant ». En effet, l’idée sur laquelle se fonde le film, la création collective d’une coopérative agricole, ne séduisit pas les bailleurs de fonds : devant le refus des studios, King Vidor se décida à le produire lui-même. Son ami Charlie Chaplin l’aida à décrocher un contrat de distribution à la United Artists, ce qui lui permit de démarcher des banques, mais celles-ci, à la lecture du scénario, refusèrent de le financer. Vidor emprunta alors de l’argent autour de lui, engageant tous ses biens dans l’affaire. À sa sortie, Notre pain quotidien fut perçu en URSS comme tendant à la propagande capitaliste, et aux États-Unis comme relevant d’une idéologie communiste. Le film fut ostracisé par la puissante presse de William Randolph Hearst, qui était pourtant un ami de longue date de Vidor.

Très exaltante, la séquence finale de la construction du canal d’irrigation est, à tous les sens de l’expression, un véritable « morceau de bravoure », et un sommet de la conception vidorienne de silent music. Il la décrit dans son autobiographie : « Les pioches tombaient aux coups un et trois, les pelles ramassaient la terre aux deuxièmes coups et la rejetaient aux quatrièmes. La séquence était inscrite dans un rythme strict à quatre temps, accordé à la progression de la vitesse propre à chaque scène. »

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